Le PRP va continuer à rejeter l’autonomie spéciale de la Papouasie

Jubi TV – Les 113 organisations de la société civile, membres de la Pétition du peuple papou (PRP) réitèrent leur rejet de l’autonomie spéciale (Otsus) pour la Papouasie, qui a été modifiée en juillet dernier. Le PRP souligne que l’autonomie spéciale pour la Papouasie a été imposée par la force par Jakarta en novembre 2021 sans entendre et prendre en compte les voix et les demandes du peuple papou.

« Les voix du peuple papou dans le PRP sont portées dans toute la Papouasie, en Indonésie et même au niveau international. La vague de personnes qui organisent des manifestations continue d’augmenter de 2019 à 2021 », a déclaré Jefri Wenda, le porte-parole national du PRP lors d’une conférence de presse à Jayapura, mercredi (5/1/2022). Ce refus a entraîné l’arrestation et l’emprisonnement des activistes dans toutes les villes de Papouasie.

Selon Jefri, lors du dépouillement de la pétition contre l’Otsus qui a mené dans toute la Papouasie par le PRP, 718 179 voix se sont élevées contre l’autonomie spéciale. La vague de protestations a également entraîné l’arrestation de Victor Yeimo, le porte-parole international du PRP.

« Nous voyons et comprenons que l’intérêt de l’État à forcer la poursuite de l’Otsus ne peut être séparé de l’intérêt à forcer la ratification de la loi omnibus et de d’autres lois. Cet intérêt n’est autre que les intérêts du capitalisme, du colonialisme et du militarisme en Papouasie », a poursuivi Jefri.

Le 15 juillet 2021, l’Assemblée nationale indonésienne (DPR RI) a adopté la nouvelle loi sur l’autonomie spéciale de la Papouasie. Elle a prolongé l’allocation des fonds d’autonomie pour la Papouasie jusqu’en 2041 et a augmenté le montant des fonds, comme prévu, de 2 % à 2,25 % du fonds d’allocation générale. Dans son dernier rapport, l’Institute for Policy Analysis of Conflict (IPAC) indique que cette loi modifiée a également révisé les dix-huit clauses de la loi d’autonomie spéciale de 2001 et ajouté deux nouvelles dispositions. En général, ces amendements ont apporté trois changements fondamentaux à l’autonomie papoue : un affaiblissement des pouvoirs provinciaux, un contrôle fiscal accru de la part de Jakarta et une reconfiguration de la représentation politique des populations natives papoues.

Cette nouvelle loi affaiblit considérablement l’autorité des gouvernements provinciaux de Papouasie et de Papouasie occidentale. Contrairement à la loi indonésienne sur l’autonomie régionale qui cédait le pouvoir aux gouvernements locaux (régence/ville), la loi d’autonomie spéciale de 2001 a donné à la province de Papouasie, étendue en 2008 à la Papouasie occidentale, le pouvoir de mettre en œuvre les dispositions de l’autonomie spéciale. Les gouverneurs et les législateurs provinciaux sont habilités à allouer les fonds de l’Otsus, à approuver les principales politiques du gouvernement central concernant la Papouasie (y compris les projets d’infrastructure) et à approuver la création de nouvelles provinces et de nouveaux districts.

Toutefois, cette nouvelle loi donne au gouvernement central le pouvoir de canaliser les fonds Otsus directement vers les régences/villes, sans passer par la province. Le gouvernement provincial, qui était auparavant autorisé à procéder à cette allocation, ne peut désormais que fournir des recommandations au gouvernement central. Les nouvelles dispositions de la loi stipulent également une liste d’indicateurs qui doivent être utilisés comme une base pour canaliser les fonds Otsus vers les gouvernements locaux, notamment la population totale, la population native papoue, le niveau de développement et les prix de la construction.

IPAC a mentionné que l’amendement unilatéral de la loi sur l’autonomie spéciale a le potentiel de créer de nouveaux conflits. « En observant les protestations sur ces amendements, il semble qu’il y ait un risque de créer de nouveaux “points chauds” pour une mobilisation violente », a commenté Sana Jaffrey, directrice de l’IPAC.

Jaffrey a ajouté que le président Jokowi se targuait de visiter la Papouasie, plus que ses prédécesseurs. Jokowi a promis qu’il était là pour écouter et le peuple papou l’a récompensé de sa confiance en votant pour lui de manière écrasante, non pas une, mais deux fois. « S’il veut réussir, Jokowi doit utiliser cette capitale politique pour obtenir un consensus sur la mise en œuvre de la nouvelle loi », poursuit Jaffrey.

Le PRP considère l’Otsus comme un produit résultant d’une affaire entre l’élite papoue et l’élite de Jakarta. Les politiques qu’il adopte ne tiennent pas du tout compte de l’opinion des populations natives papoues. La décision de DPR RI de ratifier la loi sur l’autonomie spéciale ne rend pas du tout les Papous satisfaits, car dans sa mise en œuvre jusqu’à présent, il a été prouvé que l’Otsus ne fournit pas de garanties de bien-être aux Papous indigènes.

Le PRP constate que le déploiement des troupes de TNI, Polri et BIN se poursuit à ce jour, que l’exploitation des ressources naturelles comme le bloc Wabu, l’exploitation agricole à Keerom et Yahukimo, et la plantation de palmiers à huile à Merauke, Nabire, Sorong et dans de nombreux autres endroits ont augmenté. Ce fait est clairement contraire à la garantie du bien-être des Papous indigènes.

« La loi omnibus, la loi sur l’autonomie spéciale et toutes les lois que l’on nous force à mettre en œuvre sont au profit des investissements, des grands hommes d’affaires internationaux et nationaux et sont soutenues par un très grand nombre de forces TNI, Polri et BIN », a déclaré Jefri.

Le PRP, poursuit Jefri, voit et comprend cette situation et va continuer à rejeter l’autonomie spéciale de la Papouasie. La raison en est que le PRP est une manifestation de l’attitude politique du peuple de Papouasie occidentale (West Papua) qui rejette l’existence et la continuité d’Otsus en Papouasie occidentale (West Papua).

« Le PRP coordonnera l’attitude du peuple de Papouasie occidentale (West Papua) pour lutter pour le droit à l’autodétermination d’une manière pacifique et démocratique. Le PRP a également rejeté l’Otsus et a accepté de continuer à soulever cette pétition pour la troisième étape », a affirmé Jefri.

De plus, le PRP rejette toute type de compromis et de représentation politique autre que l’attitude du peuple de Papouasie occidentale (West Papua). Le PRP reste déterminé à promouvoir l’unité démocratique dans la lutte pour la libération nationale de la Papouasie occidentale (West Papua).

« Le PRP demande également la libération inconditionnelle de Victor Yeimo, notre porte-parole international, et de tous les prisonniers politiques de Papouasie occidentale (West Papua) ! », a lancé Jefri.

Jusqu’à présent, Victor Yeimo, qui est en garde à vue, est encore sous traitement à l’hôpital Dok II de Jayapura. Il a dû suivre un traitement intensif pendant six mois en raison de sa maladie. Il a été arrêté pour avoir demandé un référendum sur l’indépendance de la Papouasie, qu’il a exprimé en 2019 lors de manifestations contre le racisme en Papouasie et en Papouasie occidentale.

« Victor a dû prendre huit pilules et deux injections de médicaments tous les jouts pour six mois », a précisé Emanuel Gobay, l’avocat de Victor Yeimo. (*)

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