Appréciant le rapport des experts de l’ONU sur les droits de l’homme, MRP : Les faits ne peuvent plus être cachés

Jayapura, Jubi – Le Conseil du peuple papou (MRP) apprécie le rapport d’experts du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme sur la situation des droits de l’homme en Papouasie. Le président du MRP, Timotius Murib, a dit que l’État indonésien ne pouvait plus cacher les réalités qui ont eu lieu en Papouasie et a demandé que les différents cas de violations des droits de l’homme en Papouasie soient immédiatement traduits en justice.

C’est ce qu’a indiqué Murib dans son communiqué de presse publié mercredi (9/3/2022) en réponse à la polémique qui a eu lieu en Indonésie à la suite de la publication du rapport des experts du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme sur la situation des droits de l’homme en Papouasie.

« Merci aux experts de l’ONU qui ont écrit au gouvernement indonésien concernant la situation des violations des droits de l’homme en Papouasie. L’État doit y répondre et ne doit pas cacher ce qui se passe en Papouasie. Le gouvernement doit tenir sa promesse d’inviter la Haute-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme à se rendre en Papouasie. Si vous ne voulez pas qu’elle se rende en Papouasie, alors la question se pose dans la communauté : Qu’est-ce qui se passe ? », a commenté Murib.

Le 1er mars 2022, trois experts des droits de l’homme des Nations unies ont mis en lumière les allégations de violations des droits de l’homme en Papouasie. Les trois experts sont José Francisco Cali Tzay (Rapporteur spécial sur les droits des peuples autochtones), Morris Tidball-Binz (Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires) et Cecilia Jimenez-Damary (Rapporteuse spéciale sur les droits humains des personnes déplacées dans leur propre pays). Ce rapport fait suite au processus de l’ONU qui a envoyé le même rapport au gouvernement indonésien le 22 décembre 2021.

Le rapport de l’ONU précise que depuis l’escalade de la violence en décembre 2018, le conflit s’est étendu à sept districts, à savoir Nduga, Pegunungan Bintang, Mimika, Yahukimo, Puncak, Intan Jaya et Maybrat (en Papouasie occidentale). Selon les Nations unies, les réfugiés sont estimés à 60 000-100 000 personnes. Les Nations unies rapportent que la Croix-Rouge et les églises ont un accès limité pour fournir une aide humanitaire aux réfugiés, tandis que l’aide du gouvernement local aux réfugiés est minime.

Timotius Murib a déclaré que le rapport des experts en droits de l’homme de l’ONU soulignait que le gouvernement indonésien ne pouvait plus simplement nier ou ignorer les rapports de violations des droits de l’homme en Papouasie dans les forums internationaux. Murib a mis l’accent sur le fait que de nombreux cas de violations des droits de l’homme en Papouasie n’ont pas fait l’objet d’une enquête. Les auteurs de ces violations ont également pu échapper à la loi, et même obtenir des promotions.

« Le MRP rappelle que ceux qui sont morts en Papouasie étaient des humains, pas des animaux. L’État doit répondre sérieusement aux questions de l’ONU. De nombreux cas de violations des droits de l’homme n’ont pas été résolus. Aucun des auteurs n’a été traduit en justice, au contraire, ils ont pu obtenir des positions stratégiques », a-t-il rappelé, cité dans le communiqué de presse écrit du MRP.

Murib a également critiqué le président Joko Widodo, qui se rend fréquemment en Papouasie, mais ne s’assied jamais avec les acteurs politiques locaux en Papouasie pour discuter de la résolution des conflits armés et de la violence qui continue à se produire. Murib a mentionné que le président Joko Widodo aurait dû rencontrer la Chambre des représentants de Papouasie (DPR Papua) et le MRP pour discuter de la problématique.

« Le président Joko Widodo s’est rendu onze fois en Papouasie, mais il n’a jamais rencontré le DPR Papua et le MRP. Le MRP est une maison commune pour les Papous. Pourquoi le Président ne rencontre jamais le MRP ? Le MRP est la représentation culturelle des Papous indigènes. Donc, si le président a dirigé le développement de la Papouasie, qui a recommandé ce développement ? S’il veut retourner en Papouasie, alors le président doit nous rencontrer et discuter de la gestion de la Papouasie », a poursuivi Murib.

Murib a estimé que le gouvernement continue de choisir la mauvaise voie pour résoudre les problèmes en Papouasie. Le gouvernement a, par exemple, imposé la division de la province de Papouasie en un certain nombre de nouvelles provinces. Le gouvernement a également promulgué unilatéralement la Loi n° 2 de 2021 concernant le deuxième amendement à la Loi n° 21 de 2001 concernant l’autonomie spéciale de la province de Papouasie (le deuxième amendement à la Loi sur l’autonomie spéciale de la Papouasie). La nouvelle loi sur l’autonomie spéciale (Otsus) de la Papouasie supprime l’exigence selon laquelle la division de la province doit obtenir l’approbation du MRP.

« Le message du président concernant la Papouasie a malheureusement été traduit par plusieurs ministres par une expansion régionale basée sur la nouvelle loi d’autonomie spéciale qui est problématique, car elle a été promulguée sans consultation du peuple papou. Cette loi ignore le mécanisme stipulé par l’article 77 de la loi d’autonomie spéciale qui exigeait initialement des consultations avec le peuple de Papouasie pour la prise de plusieurs décisions. Dans le texte académique, il est indiqué que les amendements à la loi ne seront apportés qu’à l’article 76 concernant l’expansion régionale et à l’article 34 concernant les finances régionales. Mais ce qui s’est passé, c’est que 19 articles ont été modifiés. C’est quoi ce genre d’approche politique ? Par ailleurs, si nous sommes critiques, nous sommes accusés d’être des séparatistes, voire des terroristes. La division du territoire doit être arrêtée », a expliqué Murib.

Murib a estimé que de nouvelles violations des droits de l’homme continuaient à avoir lieu, en partie parce que le gouvernement n’était pas cohérent dans la mise en œuvre de l’autonomie spéciale de la Papouasie. Divers pouvoirs spéciaux réglementés par la Loi n° 21 de 2001 concernant l’autonomie spéciale de la Papouasie continuent à être confrontés à d’autres lois et règlements, de sorte que les pouvoirs spéciaux ne peuvent être mis en œuvre.

« En Papouasie, les violations des droits de l’homme continuent de se produire parce que l’État ne met pas en œuvre la loi d’autonomie spéciale de Papouasie en toute cohérence. L’une des raisons en est le conflit entre deux réglementations, à savoir la Loi d’autonomie spéciale et la Loi d’autonomie régionale. Malheureusement, la plupart des maires et des régents n’appliquent que la première, mais pas la seconde. Le MRP propose que la Loi sur l’autonomie spéciale de la Papouasie soit consultée par le peuple papou », a-t-il conclu.

Monteur: Aryo Wisanggeni G

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